L’objectif de “Mythes et Maths” est de permettre aux élèves, de la maternelle au collège, d’améliorer leur perception et leur pratique des mathématiques, grâce à la narration.

Pour la plupart d’entre nous, les mathématiques sont avant tout la logique et le calcul, idée contestée par les mathématiciens eux-mêmes. Pour le mathématicien David Bessis, (auteur de Mathematica, une aventure au cœur de nous-mêmes, Seuil, 2022), c’est l’imagination qui est « la technique centrale en mathématiques ». 

La difficulté de l’enseignement des mathématiques tient sans doute à la nature invisible de l’imagination. Mais alors, comment l’enseigner, puisqu’il s’agit d’une activité psychique personnelle, qui échappe à l’imitation, base des apprentissages ? Impossible d’imiter ce qui se passe dans l’esprit d’un autre ! En mathématiques, à chacun de trouver un “chemin d’images” dans son esprit, grâce à l’expérimentation, en suivant et en développant son intuition. Mais comment donner une forme et une cohérence à l’imagination ? Par le récit. Car les mathématiques sont une matière qui se construit par le récit qu’on en fait. Plus qu’un art de manier les nombres, les mathématiques sont surtout une façon de voir les choses, c’est-à-dire une pratique dans laquelle le jeu avec les images mentales permet à chacun de modifier sa façon de percevoir le monde. 

Les contes sont “des chemins d’images”, d’après l’anthropologue Nicole Belmont. Récits parfaitement logiques, ils mettent en action des personnages sans épaisseur psychologique. Comment raconter oralement un conte avec ses propres mots, si on en a pas les images mentales ? Le conteur traditionnels dévseloppaient la capacité de visualiser des schémas narratifs qu’ils reprenaient souvent à l’identique, qui leur servaient de base pour construire leurs récits. Certains conteurs expliquaient qu’ils suivaient le personnage de leur histoire, au fil de la narration, sur un chemin d’images, en regardant par-dessus son épaule. C’est ainsi que se dessinait son parcours à travers différents lieux situés sur une carte représentant l’ensemble des événements possibles du récit. Le conteur se déplace, comme dans un labyrinthe, sur cette carte globale. Cette vision cartographiée, en deux dimensions, n’est pas linéaire. Elle est utile pour relier différentes idées entre elles et créer de la pensée. 

C’est tout l’enjeu, la clé de ce projet : amener les élèves à s’exercer à la création d’images mentales grâce aux contes et aux récits d’imagination pour leur permettre de progresser en mathématiques. 

Mythes et Maths a pour but de faire évoluer les idées reçues sur les mathématiques qui en font trop souvent une discipline intimidante et abstraite, réservée à une élite. Comment ? En donnant la part belle à l’émotion, l’intuition, le plaisir et la curiosité pour faire progresser tous les élèves et réduire les inégalités. Relier, dès les petites classes, les mathématiques à la pensée et au langage.